vendredi 29 juin 2012

Une classe Montessori 2/2


3) La classe : place au réel et à la nature

L'atmosphère qui doit se dégager d'un tel lieu est la chaleur! Souvent, les parents n'ont pas le droit d'y pénétrer : la classe appartient aux enfants et à eux seuls, comme le lieu sacré de leurs apprentissages...La classe doit être accueillante et est très vivante! L'enfant est entouré de choses qui grandissent avec lui (animaux, plantes) et dont il peut prendre soin.

Seules sont exposées la nature et la réalité. Dans le but de comprendre et d'absorber les limites du monde réel, une classe Montessori fait peu appel à la fantaisie (pas de livre sur un ours qui parle, pas de cuisine en plastique où il est impossible de faire la cuisine). C'est seulement à l'âge de 6 ans qu'un enfant sait faire la différence entre le vrai et l'imaginaire. Avant, il s'agit de ne pas tout mélanger...

Pour aider dans le choix du matériel, celui-ci est regroupé selon le domaine d'intérêt (langage, sciences) et est classé dans un ordre de difficulté croissant. Son utilisation suit ce que Maria Montessori a appelé, un "cycle d'activité" qui comprend les étapes suivantes :
- l'enfant cherche, seul, le matériel. Celui-ci doit être trouvé sans pièce manquante ou cassée;
- il réalise le travail sans être interrompu par un camarade ou par l'adulte;
- le matériel est remis à sa place. Si l'enfant n'a pas réussi à réaliser l'activité, il ne lui est pas demandé de la remettre correctement, mais au moins à sa place. Par exemple, la tour rose est rangée dans le bon ordre. Si l'enfant ne réussit pas à la remettre dans cet ordre, ce n'est pas grave! L'adulte le ferra, sans que celui-ci s'en aperçoive (au risque d'être vexé si c'était le cas) afin que le prochain enfant puisse prendre un matériel correctement rangé (ce qui lui permettra de mieux visualiser si lui-même fait une erreur en travaillant.)

4) Le matériel

La caractéristique principal du matériel Montessori est l'isolement des difficultés (différentes tailles de barres mais même couleur, même bruit, même forme, même design...) Cela permet à l'enfant de mieux visualiser la notion à acquérir d'une part, mais aussi de percevoir l'erreur. L'erreur ne passe plus par l'adulte (avec tout ce qu'il y a de vexant, de honte, de déception, et autres sentiments négatifs lorsqu'on nous signale une erreur, sentiments qui se fixe pour ne plus s'en détacher ensuite de l'acte d'apprendre, et qui risque de conduire ensuite la personne à détester l'école dans sa vie d'enfant, et les apprentissages dans sa vie d'adulte). Le contrôle de l'erreur guide vers les bons gestes et permet de reconnaître ses propres fautes. Il place l'enfant au coeur de son processus d'apprentissage. Si l'enfant ne voit pas l'erreur, c'est qu'il n'est pas encore prêt, pas encore assez développé pour pouvoir réaliser l'activité. Réalisée au bon moment, il saura la reconnaître.

Le matériel évolue du plus simple au plus complexe, et ceci également en terme de design (les barres pour compter sont d'abord d'une même couleur, elles existent également en bleu et rouge (émergence de la notion d'addition) puis diminue en taille afin d'accompagner des additions plus abstraites).


Autre originalité : il prépare de façon indirecte à de futurs apprentissages, notamment la lecture. Les activités de vie pratique sont présentées de gauche à droite, les boutons de préhension des puzzle favorisent une bonne tenue du crayon, plus tard (mémoire corporelle). Quand arrive le moment de ces apprentissages, une grande partie est déjà su, innée.

Dernière particularité, le matériel Montessori permet de sentir les notions concrètement avant de passer à l'abstraction (l'enfant voit d'abord la forme cube, en bois, puis le carré dans un puzzle, puis son tracé sur toute sa surface, plus tard son tracé sur les côtés uniquement, au trait fin).

Maria Montessori évoque la nocivité que peut avoir un trop grand nombre d'activités à disposition : l'attention peut être dissipée, l'exercice peut devenir trop mécanique (redondant par rapport à d'autres) ce qui causerait la perte de perception (et tout l'intérêt).

Voici les règles d'utilisation du matériel :
- le traiter avec respect (on le pose sur une table ou sur un tapis);
- un seul exemplaire (l'enfant apprend la patience, et se confronte avec des sentiments de frustration)
- on ne dérange pas un camarade qui travaille;
- les leçons d'utilisation sont individuelles;


Pour Montessori, le matériel doit permettre de mettre de l'ordre dans un chaos. Grâce à lui, l'enfant a la possibilité de travailler seul le plus possible, de ne pas être dépendant de l'adulte (aide ou approbation).

Après que l'enfant ait suffisamment travailler et intégrer les nouvelles notions, l'adulte procède à la leçon en 3 temps (voir).


Une classe Montessori 1/2

 Au contraire de nombreux autres pédagogues, Maria Montessori a laissé derrière elle, une méthode couvrant tous les domaines d'apprentissage (mathématiques, musique, grammaire, botanique, histoire, sciences....) Testée sur le terrain, elle a subi de nombreux essais, erreurs, rectifications, ajustements et adaptations sur pas moins de 3 continents (et toutes sortes de population). La doctoresse désirait que sa méthode reste à cette image : une pédagogie ouverte d'esprit, non figée car elle croyait intimement en une école sans cesse en mouvement.

La philosophie en laquelle elle croyait a fait ressortir diverses nécessités pour que l'enfant puisse se développer harmonieusement. D'après elle, l'enfance voit son intérêt, pour l'espèce, dans l'apprentissage des caractéristiques humaines comme la marche, mais aussi dans son adaptation en son temps/espace. Pour cette gigantesque réalisation, la nature a doté l'enfant de particularités telles que sont les périodes sensibles et l'esprit absorbant. Celles-ci doivent se conjuguer à un environnement attractif, source d'apprentissages et à une grande liberté. Comment les adapter au quotidien?


1) L'environnement

L'environnement ne se résume pas à un lieu. Il intègre les personnes vivant et évoluant avec l'enfant, et qui préparent pour lui ses différents espaces de vie avec attention. Ce point diffère avec de nombreuses conceptions éducatives (faire tout à la place de l'enfant, ou au contraire, l'abandonner à lui-même).

Ordre, clarté, chaleur...
1.1) Le lieu

Ce point arrive avant tous les autres, à cause de son importance dans la méthode. Cependant, il est nécessaire de garder à l'esprit que l'enfant ne va pas grandir parce qu'il est placé dans un lieu idéal mais bien parce qu'il possède en lui, cette loi de la nature qui  le pousse à grandir. C'est peu à peu seulement, que ce potentiel pourra se montrer aux autres.


1.2) Le guide : l'adulte encadrant

Il ne suffit pas de mettre un enfant dans un lieu où le mobilier est à sa taille et où les activités sont intelligentes et à sa portée. L'adulte encadrant doit savoir aider l'enfant dans ses apprentissages. Il doit être ouvert, ouvert à la vie et aux processus des développements de l'enfant. La préparation de la classe, qu'il réalise, doit être à son reflet : en évolution constante en fonction des besoins changeants des enfants.
Les activités doivent aller dans le sens des nécessités internes de l'enfant et doivent donc être présentées au moment où l'enfant en a besoin dans son développement : tout le challenge de l'adulte encadrant! Ce dernier identifie ces besoins par tâtonnements (en proposant), et par observation de la réponse (si l'enfant se concentre, répète, c'est gagné!)


2) Liberté

Pour que "l'adulte guide" puisse identifier les besoins d'un enfant, celui-ci doit se montrer tel qu'il est : vrai. Seule une atmosphère de liberté peut y conduire. D'autre part et puisque l'enfant possède en lui une loi naturelle qui le pousse à apprendre, seule une grande liberté va pouvoir lui permettre de laisser son instinct diriger son développement.

La liberté ne s'acquiert pas du jour au lendemain... Des apprentissages préliminaires sont indispensables pour y arriver : l'indépendance, la volonté propre et l'autodiscipline. Ainsi, les premières activités Montessori proposées à l'enfant s'orientent d'abord vers l'acquisition des gestes pratiques de la vie quotidienne (nouer ses lacets, verser de l'eau...) Sa volonté propre s'éduque ensuite par la réalisation d'un but, que lui-même choisit, en apprenant à coordonner ses gestes. En faisant attention à ce que l'adulte ne substitue pas sa volonté à la sienne! La discipline peut être acquise en donnant de nombreuses occasions de la développer : opportunité de travail, distinction entre le bien et le mal (intervention de l'adulte qui fixe des limites telles que seules les actions destructives sont restreintes, uniquement celles-là!)
Dans une classe Montessori, les enfants sont donc libres de bouger (se mettre assis par terre, sortir dans la cour, aller aux toilettes, ...), de parler (former des groupes d'activité, demander quelque chose à son voisin, ...) de choisir le travail (pour aider dans le choix, le matériel est très ordonné, voir ci-après). L'enfant est également libre d'aider un camarade. Avant toute utilisation, le matériel est présenté sous forme de leçon individuelle, une fois par enfant). Dans le but de ne pas interférer dans le choix (et donc dans l'instinct qu'à l'enfant à étendre telle caractéristique plutôt qu'une autre selon son stade de développement), une classe Montessori est totalement dénuée de compétition, punition et récompense (c'est ce dernier point qui est le plus difficile à accepter d'ailleurs).
Montessori pionnier du mobilier à la taille de l'enfant  

Cette liberté s'étend aux relations sociales. Il est ainsi possible pour l'enfant, de résoudre par lui-même ses conflits relationnels en minimisant les interventions de l'adulte (toujours dans une certaine limite). Les enfants éprouvent en effet, un grand contentement à faire face aux conflits, et de tester ses limites sur les autres.


Partie II par ici



samedi 2 juin 2012

Qui suis-je?


Il est temps de vous parler un peu de moi, de mes projets... Commençons par une définition en quelques mots : je suis une maman de 2 enfants et je suis actuellement en formation (à la Source) de guide/animatrice Montessori (termes que je préfère à "éducateur"). 

Mon fils (qui a bien grandit depuis) et moi :)
Pourquoi me lancer dans l'aventure d'un blog? Ce n'est pas que les journées me paraissent trop longues (bien au contraire, et pardonnez-moi d'avance si le blog n'est pas mise à jour tous les jours). La conception de ce petit journal tire ses racines d'une grande envie de partager mes passions et particulièrement, mon enthousiasme face à la pédagogie que je vous présente au fil de ces pages.
Je me destinais depuis aussi loin que je m'en souvienne à l'enseignement et à la recherche. Cette rencontre avec une telle pédagogie a pourtant fait TILT! Quelle découverte pour moi...
Bien entendu nous étions sûrs de croiser un jour ou l'autre les découvertes de Maria Montessori. Nous nous sommes très tôt tournés vers une éducation alternative pour nos enfants. On commence avec le portage, le cododo et l'allaitement long... Et on en rajoute avec l'instruction en famille (depuis cette rentrée) car après bien des pérégrinations (oh oui!), j'ai désormais la chance de pouvoir les accompagner tous deux, au plus près de leur besoin...